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9 DÉCEMBRE 1840: LES CENDRES DE L’EMPEREUR SUR LA DORADE

Quando

Dicembre 9, 2022    
12:00 am

Event Type

  • Le convoi mortuaire double le Havre

 

Le 9 décembre 1840, vers 7 heures, La Normandie, pavoisée de drapeaux tricolores, depuis le pont jusqu’à la pomme des mâts, arrive au Havre. À son grand mât un magnifique pavillon tricolore, confectionné de leurs mains par les dames de Sainte-Hélène, des galons d’uniforme offerts par des officiers anglais ayant servi à en broder le chiffre.

Le convoi arrive avec au moins une heure d’avance, ce qui créée un certain désordre dans les corps constitués, obligés, contrairement à leur dignité, de gagner en courant, pour arriver à temps, le bout de la jetée, au moment où La Normandie la double. Ils arrivent juste à temps pour observer, sur le gaillard d’arrière, le vaste cercueil, recouvert d’une draperie noire à croix blanche et éclairé par des fanaux ardents.

Le Journal du Havre du 9 décembre 1840 rapporte: “le soleil se levait au-dessus des collines qui ferment le lit de la rivière et faisait pâlir les flammes funéraires;  ses rayons dorés tombaient sur la chapelle ardente, d’où semblaient jaillir des milliers d’étincelles. Nous avons été témoin de ce miraculeux hasard. Le cercueil apparaissait comme entouré d’une atmosphère lumineuse d’où s’échappaient en éclairs les reflets de la couronne d’or qui surmontait le drap mortuaire. Napoléon rentrait en France ceint d’une auréole de lumière, et c’était le soleil d’Austerlitz qui saluait le retour du héros.”

Le navire impérial prend ensuite la direction de Honfleur. On y voit d’anciens soldats de l’Empire entrer dans l’eau jusqu’à mi-corps malgré le froid pour saluer la dépouille mortelle de Napoléon.

 

  • Changement de navire au Val de la Haye

 

La présence des ponts sur la Seine impose un nouveau changement de navire. La Normandie ne pouvant franchir les ponts de Rouen, le prince de Joinville décide, pour aller jusqu’à Paris, d’utiliser l’un des bateaux à vapeur qui faisaient alors le service entre Paris et Rouen. Les autorités ont choisi un lieu sans risque de troubles pour le transfert des Cendres de l’Empereur. Ce sera au Val-de-la-Haye.

À 15h les trois bateaux peints en noir aborde le Val-de-la-Haye. Des deux rives du fleuve sont tirées des salves. Les navires mouillent pour la nuit en vis-à-vis du passage d’eau de Grand-Couronne. Le Zampa se place en bord à bord avec La Normandie. C’est ce bateau qui a été initialement prévu pour aller jusqu’à Paris, mais le Prince de Joinville le trouve trop petit, et donne l’ordre d’utiliser à sa place la Dorade 3.

Sous des salves de mousqueterie tirées par les gardes nationales de la banlieue de Rouen, le cercueil est transbordé sur La Dorade 3, aménagée suivant les instructions formelles de Joinville: le bateau est peint en noir; à la tête du mât, le pavillon impérial; sur le pont, à l’avant, le cercueil, couvert du poêle funèbre rapporté de Sainte-Hélène; l’encens doit fumer; à la tête, la croix; le prêtre se tiendra devant l’autel, l’état-major et Joinville derrière; les matelots seront en armes; le canon, tiré à l’arrière, annoncera le bateau portant la dépouille mortelle de l’Empereur. Aucune autre décoration.

Les navires de mer La Seine et Le Courrier, sont remplacés par des bateaux fluviaux. En tête du cortège, La Parisienne, suivie de La Dorade 2, peinte aussi en noir, portant une partie de l’équipage de La Belle Poule. Les deux autres Dorades et trois bateaux des Etoiles ferment le cortège

Le lendemain, vers 9 heures et demie, l’escadre composée alors de 14 bateaux à vapeur se dirige vers Rouen. Il n’y est pas prévu de halte. Pourtant tout Rouen est présent sur les quais ce matin du 10 décembre 1840. Le pont suspendu, le pont de fil de fer, a été transformé en arc de triomphe, pavoisé de drapeaux et orné de tentures violettes parsemées d’abeilles d’or ou de N couronnés. Une immense croix de la Légion d’honneur pend de la voûte et chaque pilier est orné d’une Victoire ailée avec sa couronne de laurier. Sur chaque rive, des obélisques et des faisceaux de drapeaux surmontés de l’aigle impériale. Sur le pont suspendu, les anciens soldats de la Grande Armée, en uniforme. Partout sur les quais, les troupes, la Garde nationale en tenue de parade, et puis la foule, la foule immense, immense qui attend.

10 heures et demie. Le canon salue l’arrivée du convoi funéraire. Dans la foule, un immense mélange de silence, d’émotion et de “Vive l’Empereur !”. Lentement la flottille passe sous l’arche triomphale puis observe une pause devant la tribune officielle ou l’archevêque de Rouen donne l’absoute. Tous les tambours battent “Aux champs”, toutes les cloches sonnent, les canons tonnent. Tous les yeux sont fixés sur cette frêle embarcation qui porte à sa proue l’Empereur dans son dernier voyage.

L’arrêt à Rouen dure une demi-heure. Contrairement à Cherbourg, une place d’honneur a été réservée aux vétérans des guerres de l’Empire au milieu du Pont-Suspendu, d’où ils jetèrent des couronnes d’immortelles sur le pont du bateau funéraire. Puis, sous un froid glacial, une salve de 101 coups de canon donne le départ vers Paris…