L’Empereur, qui a dormi à la préfecture maritime de Rochefort, part le soir vers Fouras, sous les acclamations de la foule, qui a appris son départ.
A sa descente de voiture, une foule triste l’attend. Napoléon est sur la rive droite de l’embouchure de la Charente, près du château de Fouras. Il embrasse tous ses anciens compagnons d’armes, et dit adieu à tous les chasseurs du piquet qui l’avait accompagné.
Comme il n’y a pas assez de tirant d’eau pour que les baleinières approchent du rivage c’est à dos d’homme, porté par le marin Beau, grand gaillard en larmes, que Napoléon rejoint le canot de la frégate la Saale.
Vers huit heures, l’Empereur atteint, par une mer houleuse, la Saale, mouillée dans la fosse d’Enet, entre la pointe de Fouras et l’île d’Aix, où l’attend le capitaine Philibert et son équipage, composé d’anciens matelots qui étaient rentrés des prisons d’Angleterre depuis la paix de 1814.
Les honneurs militaires lui sont rendus, mais, pour ne pas éveiller l’Anglais, on ne tire pas le canon. Napoléon remarque la froideur de ce capitaine, ouvertement royaliste, et passera le nuit du 8 au 9 en mer, dans la salle du conseil, préparée à la hâte en chambre à coucher. Une simple toile tendue le séparera du lit du général Becker, qui avait reçu ordre d’être toujours auprès de l’Empereur.
Un monument, sur la plage sud de Fouras, a été érigé en mémoire du départ de l’Empereur.