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6 NOVEMBRE 1785 : BONAPARTE ARRIVE À VALENCE

6 NOVEMBRE 1785 : BONAPARTE ARRIVE À VALENCE

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Novembre 6, 2022    
12:00 am

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Puisons le texte de ce jour, avec l’autorisation de notre ami Jean-Claude Banc, président de la dynamique association Bonaparte à Valence, dans le riche site http://www.bonaparte-a-valence.fr/ • De Paris à Valence Le 28 octobre 1785, Napoleone revêt son nouvel uniforme d’officier et reçoit la dotation particulière de l’Ecole de Paris: boucle de col en argent, épée et ceinturon. Il perçoit également, comme tous ses compagnons, le trousseau réglementaire composé de 12 chemises, 12 cols, 12 paires de chaussons, 12 mouchoirs, 2 bonnets de coton, 4 paires de bas, une paire de boucles de souliers et une paire de boucles de jarretières. L’uniforme qu’il portait à Brienne va être légèrement modifié pour devenir celui de l’artillerie: culotte de tricot bleu, veste de drap bleu aux poches ouvertes, habit bleu roi au collet et aux revers bleus. Les parements sont rouges, les pattes de poche liserées de rouge, les boutons jaunes portent le numéro 64, car l’artillerie constitue le 64e régiment d’infanterie. Les épaulettes ornées d’une frange de filés d’or et de soie, sont losangées de carreaux de soie feu sur fond de tresses d’or et traversées dans toute leur longueur par 2 cordons de soie feu. Le col de basin blanc dépasse le collet de l’habit. Les manchettes sont de batiste ou de mousseline. Cet uniforme, qui restera son préféré, est pour lui le plus beau du monde. Le 30 octobre 1785, les 2 cadets-gentilhommes (Alexandre des Mazies et Napoleone di Buonaparte) empruntent la voiture qui les emmène vers le Midi en compagnie de Dalmas, un bas-officier qui se rend également à Valence comme élève d’artillerie. L’Ecole militaire paie aux élèves leur place dans les transports publics et leur alloue des frais de route de 26 sols par lieue. Ceci étant insuffisant, ils perçoivent en outre un forfait de 100 sols par journée de voyage ainsi qu’une somme de 24 livres pour vivre jusqu’à la perception de leur première solde. Bonaparte reçoit donc comme ses 2 camarades 157 livres et 16 sols. Peu après Fontainebleau, pour alléger la lourde diligence qui monte une côte au pas, les jeunes gens descendent de voiture. C’est alors que des Mazies voit son compagnon se mettre à courir en criant “Libre, je suis libre !”. C’est dire le soulagement du lieutenant en second Napoleone après 7 ans d’internat. La diligence de Lyon est une des plus célèbres du royaume grâce à sa ponctualité et à la rapidité de ses relais, à défaut de son confort. Par Fontainebleau, Sens, Joigny, Auxerre, Vermenton, Saulieu, Autun, elle atteint Chalon-sur-Saône en 2 jours. Les passagers embarquent alors sur un coche d’eau qui les dépose à Lyon. Le 5 novembre, Bonaparte et des Mazies ratent le bateau-poste de Valence et, en attendant le prochain départ, dilapident le reste de leur solde chez un bouquiniste. Grâce à un officier d’artillerie qui voyage avec eux depuis Paris et qui règle leur voyage, les 2 lieutenants en second quittent enfin Lyon à l’aube du 6 novembre et arrivent le soir même à Valence. Après s’être présentés à leur colonel M. de Lance, ils se rendent à l’hôtel de ville où on leur remet le billet de logement suivant: Au nom du Roi: “Mademoiselle Claudine-Marie Bou, propriétaire du Café Cercle, est sommée de loger une fois 2 lieutenants en second du régiment royal d’artillerie de La Fère et de leur fournir ce que de droit.” Leur 1ère nuit à Valence se passe donc à l’angle de la Grand-Rue et de la rue du Croissant, au 1er étage face à la maison des Têtes. Valence, point stratégique de la Vallée du Rhône, qui est une place militaire depuis son origine, compte 7 100 habitants. C’est à ceux-ci qu’incombe le logement des gens de guerre et c’est d’ailleurs pour limiter ce fléau qu’une délibération municipale propose dès 1714 la construction de casernes dans l’actuelle rue Bouffier. Rapidement insuffisantes pour loger les 12 000 hommes et les 20 000 chevaux d’un camp provisoire de cavalerie, la ville investit 190 000 livres pour l’installation de nouvelles casernes au quartier de Rollin, au nord de la route de Romans. Afin d’assurer son développement, elle finance également la création d’un polygone et l’installation d’une école d’artillerie. Devenue place de guerre en 1776 et malgré les prétentions de Grenoble, la municipalité obtient définitivement le transfert de l’Ecole d’Artillerie de Besançon en juin 1783 et l’arrivée de 2 bataillons du célèbre régiment de “La Fère Artillerie” en octobre de la même année. • Le régiment de La Fère Le régiment de La Fère est l’un des meilleurs de l’artillerie française. Il manœuvre, se met en ordre de marche aussi régulièrement qu’un régiment de ligne, grâce à la configuration du polygone de Valence qui permet de reproduire en vraie grandeur la configuration d’un champ de bataille. Le temps de service est partagé entre la pratique et la théorie, 3 jours pour chacune. On s’y exerce à l’utilisation des armes en vigueur dans l’armée: canons de siège, mortiers, pièces de campagne. On fabrique des projectiles, on tire des balles ardentes et des fusées, on brûle des tourteaux et des fagots goudronnés. On éprouve dans l’eau des fusées à bombes, des lances à feu, des étoupes. Le tout sans négligence, ni récrimination. La réputation des hommes est également excellente. Les 900 soldats et les 100 officiers sont connus pour leur “bonne tenue”, leur “bonne façon de penser” et leur “bon esprit”. M. de Lance, le colonel commandant le régiment, est un officier estimé dans le corps royal pour la douceur de son caractère et la bonne connaissance de son métier. Le lieutenant Buonaparte avec son camarade des Mazies apprend donc l’usage du canon et l’art du commandement. Il appartient à la 5e brigade, commandée par M. de Quintin, et à la compagnie de bombardiers, dont le capitaine est M. Philippe Masson d’Autume. Napoléon se souviendra toujours avec gratitude de cet officier qui a pour lui d’obligeantes attentions, l’hébergeant même dans son château d’Autume lorsque le régiment tiendra garnison à Auxonne. Royaliste de cœur – il émigrera et servira dans l’armée des princes jusqu’à Quiberon – il sera pensionné sous le Consulat et nommé conservateur de la bibliothèque de l’Ecole d’application d’artillerie à Chalon en Champagne, puis de l’Ecole d’application d’artillerie et du génie à Metz. Plusieurs autres officiers – ou leurs veuves – profiteront plus tard des faveurs de Napoléon en souvenir de ses séjours à Valence: la veuve du colonel de Lance sollicitera le 1er Consul en 1802 et obtiendra une pension de 900 francs en raison des longs et utiles services de son mari; le 2e sous-lieutenant en premier, Hennet du Vigneux, futur émigré, sera nommé en 1809 inspecteur général des contributions directes et du cadastre avec un emploi rapportant 12 000 francs; Lariboisière, devenu comte de l’Empire, commandera en chef l’artillerie de la Grande Armée durant la campagne de Russie; Sorbier et Gassendi seront comte de l’Empire, et inspecteurs généraux de l’artillerie; Mabille rejoindra l’administration des Postes; Hédouville, comte aussi, deviendra ambassadeur à Moscou et Rolland de Villarceaux préfet de Nîmes. Des Mazies, sera nommé à son retour d’émigration directeur de la loterie, administrateur des palais impériaux, puis chambellan de l’Empereur. L’attention qu’il porte à ses anciens compagnons reflète la bonne atmosphère régnant entre eux. Napoléon dira plus tard “L’artillerie était le meilleur corps et le mieux composé de l’Europe; le service était tout de famille; les chefs étaient entièrement paternels, et les plus braves, les plus dignes gens du monde, purs comme l’or, trop vieux parce que la paix avait été longue. Les jeunes officiers riaient d’eux parce que le sarcasme et l’ironie étaient la mode du temps; mais ils les adoraient et ne faisaient que leur rendre justice.” Bien que sorti de l’Ecole militaire, lieutenant en second, Buonaparte doit d’abord gravir ce qu’on appelle “les trois grades”, ceux de canonnier, de caporal et de sergent. Il sert 3 mois en qualité de soldat et de bas-officier pour “connaître tout le détail”. A cette époque en effet, dans l’infanterie et la cavalerie, il faut en passer par les grades subalternes, véritable école d’obéissance et d’instruction durant une période que le colonel détermine à sa guise. En janvier 1786, le maréchal de camp Bouchard qui commande l’école d’artillerie le juge “instruit dans les matières de son service et digne de recevoir le grade d’officier”. Il monte alors la garde au poste de la place des Clercs en tant qu’officier. Lorsque ses bombardiers construisent des batteries, servent par demi-escouade les mortiers ou les pierriers, ou par escouade entière les obusiers et le canon de bataille, Buonaparte commande la manœuvre avec dextérité et sans faiblesse.