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27 JUIN 1800 : CAPITULATION DES FORCES FRANÇAISES DU CAIRE

27 JUIN 1800 : CAPITULATION DES FORCES FRANÇAISES DU CAIRE

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Giugno 27, 2023    
12:00 am

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Jacques Abdallah Menou, converti à l’Islam, succède à Kléberpar droit d’ancienneté. Quinquagénaire, il fait figure de vieillard dans cette Armée d’Orient où foisonnent les jeunes chefs de valeur. Bon administrateur, s’intéressant aux Egyptiens, il n’a ni le coup d’oeil, ni l’esprit de décision, ni la farouche énergie du chef de guerre né.

Avec lui, l’Armée d’Orient ne sera pas commandée, alors que sa situation empire de jour en jour, que la peste continue à sévir. Desaix parti, Belliard a la responsabilité du Caire. Menou utilise au mieux les Légions grecque et copte dont il favorise le recrutement. Il nomme général de brigade le maalem Jacob, chef de cette dernière.

“Le 18 messidor an VIII (7 juillet 1800), par suite des nombreux apports venus principalement de la Haute-Egypte, après le traité avec Mourad-bey, une nouvelle organisation est décidée par le général Menou, et Syriens et Mameluks sont réunis en trois compagnies qui se fondent aussitôt en un seul corps sous le nom de “1er Régiment des Mameluks à cheval”, ou encore de “Régiment des Mameluks de la République”. Cette troupe est commandée par le chef de brigade Bartolomeo (Barthélémy) Serra qui a en même temps la première compagnie sous ses ordres; le chef d’escadron Yacoub Habaïby commande la seconde et le chef d’escadron Yousef Hamaoui la troisième. Son effectif est de 12 officiers et de 253 hommes” (Jean et Raoul Brunon).

De son côté, Bonaparte, Premier Consul, tente à diverses reprises, mais en vain, de faire parvenir renforts et matériel à son ancienne Armée, en voie de consomption, mais les événements se précipitent. Le 8 mars 1801, 16.000 Anglais, aux ordres du général sir Ralph Abercombrie, débarquent à Aboukir. Menou reste inerte. Le général Baird, avec 5.000 Anglais et cipayes venus des Indes, s’empare de Koseï, puis de Suez. 6.000 janissaires albanais et 15.000 Turcs, à bord de la flotte du capitan-pacha, ou concentrés à Gaza, s’apprêtent à coordonner leurs efforts. Pour comble de malheur, notre nouvel allié, l’énergique Mourab-bey, atteint de la peste, ne va pas tarder à mourir. L’heure du hallali a sonné pour l’Armée d’Orient…

Le 21 mars, Menou se résoud à se porter à la rencontre des Anglais, parvenus très lentement à Canope, à mi-chemin d’Aboukir et d’Alexandrie. Battu, il perd 4.000 hommes, dont cinq généraux tués. L’un d’eux, le bouillant Lanusse, l’interpelle ainsi avant de succomber à ses blessures: “Jamais un homme comme toi n’aurait dû commander les armées françaises; tu n’étais bon qu’à diriger les cuisines de la République!”

Du côté anglais, Abercombrie est tué, 2.000 hommes sont hors de combat. La Légion grecque s’est fait bravement décimer au cours de cette malencontreuse affaire, ainsi qu’une partie du régiment des dromadaires. Menou, que l’adversaire ne poursuit pas, s’enferme alors dans Alexandrie d’où il ne bougera plus, laissant l’envahisseur concentrer toutes ses forces afin d’accabler Belliard.

Celui-ci, cerné au Caire par les Anglais, les Albanais, les Turcs, les Arabes, la populace et ce qui reste de Mameluks, est vite à bout de vivres. Il se résoud donc à capituler le 27 juin 1801, ayant obtenu, non sans mal, du général Hutchinson les conditions mêmes prévues par la convention d’El Arich du 24 janvier 1800, à savoir d’être embarqué à Damiette avec ses troupes, armes et bagages compris, les savants de l’Institut d’Egypte, les auxiliaires syriens, égyptiens, grecs et coptes, dont le général Maalem Jacob resté fidèle jusqu’au bout; soit, au total, 13.654 hommes se répartissant comme suit: 11.168 soldats valides – 1.300 malades – 344 marins – 82 civils – 760 Grecs, Coptes, Syriens et Mameluks.

A son départ du Caire, le 10 juillet, il emporte le cercueil contenant les restes de Kléber auxquels Français, Anglais et Turcs rendent les honneurs militaires.

L’article XII de l’acte de capitulation spécifiait que “tout habitant de l’Egypte, de quelque religion qu’il soit, qui voudra suivre l’Armée Française sera libre de le faire sans qu’après son départ sa famille soit inquiétée ni ses biens séquestrés”.

Et l’article XIII de préciser qu’ “aucun habitant de l’Egypte, de quelque religion qu’il soit, ne pourra être inquiété ni dans sa personne ni dans ses biens, pour les liaisons qu’il aura eues avec les Français dans leur occupation d’Egypte”.

Nous n’avions donc pas failli à l’honneur en abandonnant nos auxiliaires. Ceux-ci n’usèrent pas tous de la faculté qui leur était donnée de partir. Par contre, beaucoup de ceux qui nous suivirent se firent accompagner de leurs familles.

Après notre départ du Caire, des vengeances furent certes exercées, nonobstant les garanties données. Ainsi, le cheik El Bekri, naqib des chorfa (descendants du Prophète) au Caire, fut-il promené nu dans les rues, monté sur un âne, bâtonné et couvert de crachats. Quant à sa fille, soupçonnée d’avoir eu des relations sexuelles avec Bonaparte, on lui trancha la tête. En l’occurrence, la honte retombe sur ceux qui, trahissant leur parole, se livrèrent à ces excès ou les tolérèrent.

Le 13 août, Belliard embarque à Damiette à bord de la frégate anglaise La Pallas, capitaine Joseph Edmonds, accompagné du général Maalem Jacob, de la famille et de compagnons de celui-ci, que beaucoup de ses Coptes ne suivirent d’ailleurs pas dans l’exil. Trois jours plus tard, Jacob mourait en mer. Grâce à la courtoisie d’Edmonds, le corps ne fut pas immergé, mais mis dans une barrique d’eau de vie et inhumé plus tard, non pas auprès de Desaix comme le défunt en avait exprimé le désir, mais dans un cimetière de Marseille.

Le triste Menou, après avoir flétri la conduite de Belliard, capitule à son tour, le 2 septembre 1801, aux mêmes conditions que celui qu’il accusait de faiblesse. La Légion grecque se désagrégea alors, comme la Légion copte peu auparavant, la plupart des hommes ne voulant pas quitter le Levant. Quand Nicole (Papas Oglou) s’embarqua pour la France sur le vaisseau parlementaire anglais, le Dauphin, il n’emmena avec lui que 339 hommes; par contre, tous ses officiers l’avaient suivi (A. Boppe). La traversée de retour des survivants fut sans histoire notable. Menou, atteint de la peste, en guérit fort bien.

Ainsi prit fin la glorieuse épopée de l’Armée d’Orient. Aux prix d’efforts surhumains et de pertes considérables