
Napoléon était arrivé à Vassy, lorsque les rapports des prisonniers commencèrent à lui faire soupçonner la vérité, et qu’il n’était suivi que par un faible corps masquant le mouvement véritable des armées ennemies. Pour s’en assurer, il revint sur ses pas le 26 mars, poussant une forte reconnaissance sur Saint-Dizier.
Cette ville était occupée par les troupes de Wintzingerode, dont le gros avait pris position en avant, entre Hallignicourt et Hoiricourt. Le général ennemi s’apercevant qu’il avait toute l’armée française sur les bras, se replia à la première attaque.
Notre cavalerie le poussa vivement sur Saint-Dizier, où l’infanterie du maréchal Oudinot entra au pas de charge. Enfoncés de toutes parts, les Russes fuirent sur les deux routes de Vitry et de Bar-sur-Ornain, poursuivis par les corps de cavalerie des généraux Milhaud et Kellerman, et les dragons de la garde, commandés par le général Letort.
L’ennemi perdit dans cette action près de deux mille hommes dont environ huit cents prisonniers, neuf pièces de canon, un équipage de pont et tous ses bagages. La perte des Français n’excéda pas six cents hommes hors de combat.
Cette journée dessilla les yeux de Napoléon qui, ne voyant aucune troupe venir appuyer le corps battu de Wintzingerode, fut dès-lors convaincu de la marche des alliés sur Paris. Il eut d’abord l’intention de voler au secours de la capitale en marchant sur leurs derrières; et dans ce dessein il s’approcha le lendemain de Vitry, ville fermée de bons murs et occupée par les Russes. Mais cette place, qu’il fallait préalablement emporter, refusa d’ouvrir ses portes, malgré l’imminence d’une vive attaque.
Napoléon, pour ne point perdre un temps précieux, malgré la longueur du trajet, se décida à revenir sur ses pas, et à se porter sur Paris par Vandœuvre, Troyes, Sens et Fontainebleau. Nous verrons au 30 mars quel fut le résultat de cette marche tardive…