C’est la création de Ferdinand de Lesseps, diplomate et ami du quatrième fils de Méhémet-Ali, Saïd. Lorsque ce dernier, avec le nom de Saïd Pacha, accède au pouvoir, en 1854, il accorde à Lesseps une concession lui permettant de creuser et d’exploiter le futur canal, et ce, pendant quatre-vingt-dix-neuf ans à partir de son ouverture à la navigation.
Les ingénieurs doivent résoudre de nombreux problèmes: en plein désert, un énorme terrassement, avec très peu de main-d’œuvre, puisque la région est quasiment inhabitée. Les villes de Port-Saïd, sur les rives de la Méditerranée et Ismaïlia, à mi-parcours du tracé du canal, n’existent pas encore et seront créées par et pour le canal, et Suez au débouché de la mer Rouge n’est qu’un gros village.
Comme il y a peu de travailleurs volontaires, Lesseps, avec l’accord de Saïd Pacha, a recours aux fellahs, à travers le cadre de la corvée. Mais la mort en 1863 de Saïd Pacha, qui est vice-roi d’Égypte, pays vassal de l’Empire ottoman, rebat les cartes. Les Anglais, en 1864, font pression sur le sultan ottoman Abdül-Azîz pour empêcher ce recrutement d’ouvriers et ainsi faire capoter le projet français.
Devant ces blocages britanniques, Napoléon III, par la sentence arbitrale du 6 juillet 1864, demande à la Compagnie d’abandonner le système de la corvée. La solution sera trouvée dans la mécanisation: un chemin de fer, des excavateurs, des dragues, la disparition de la main d’œuvre locale, peu qualifiée, remplacée par un grand nombre de Grecs, des Italiens, des Dalmates, et des contremaîtres et chefs d’équipe français.
Enfin, le 18 août 1869, après dix années de travaux, la jonction de la mer Méditerranée et de la mer Rouge est réalisée au niveau des lacs Amers. L’inauguration officielle de cette nouvelle voie maritime se déroulera le 17 novembre 1869, en présence de tout le Gotha européen, dont l’impératrice des Français, l’empereur d’Autriche et le prince de Prusse.
Plus tard, une statue de Ferdinand de Lesseps, haute de 6,8 mètres, posée sur un socle de 10,5 mètres, sera érigée au bout de la jetée de Port-Saïd, là où s’engagent les bateaux à l’entrée nord du canal. Sur ce socle sera gravé “Aperire terram gentibus” (Ouvrir la Terre aux nations). En 1956, lors de la nationalisation de la Compagnie du canal de Suez par le colonel Nasser, cette statue sera dynamitée…