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24 OCTOBRE 1812 : EUGÈNE DE BEAUHARNAIS A LA BATAILLE DE MALOJAROSLAWETZ

24 OCTOBRE 1812 : EUGÈNE DE BEAUHARNAIS A LA BATAILLE DE MALOJAROSLAWETZ

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Ottobre 24, 2022    
12:00 am

Event Type

Le 24 octobre 1812, l'avant-garde de la Grande Armée, commandée par Eugène de Beauharnais,
affronte à la bataille de Maloïaroslawets les armées d'Alexandre Ier. Elles ne peuvent percer vers le
sud, ce qui obligera Napoléon à reprendre la route de Smolensk, déjà suivie à l'aller, par une région
déjà ravagée par les pillages des Français et la stratégie de terre brûlée des Russes…

• Lisons Abel Hugo "France militaire: histoire des armées françaises de terre et de mer”:
Le maréchal Mortier commença à évacuer le Kremlin le 23 octobre, à minuit, ainsi que Napoléon le
lui avait ordonné. Au moment où l’arrière-garde partait, il était deux heures du matin, on mit le feu
au palais et aux mines que l’on avait préparées. Une partie des murailles, le palais des Czars,
l’église Saint-Nicolas, l’arsenal et quelques bâtiments attenants furent renversés ou incendiés.
Dans le temps où Mortier quittait le Kremlin, le maréchal Ney abandonnait sa position derrière la
Motscha pour se replier sur Fominskoé. Ces deux maréchaux formaient les arrière-gardes de
l’armée. Napoléon, rassuré sur sa gauche par la reconnaissance de la veille, dirigea l’armée sur
Kaluga.
Les corps poursuivaient leur marche dans le même ordre: le prince Eugène dépassa Borowsk, petite
ville sur la Prouva, et s’établit une demi-lieue au-delà avec trois de ses divisions. Le général
Delzons, qui commandait la quatrième, continua à s’avancer vers Kaluga, n’ayant devant lui qu’un
détachement de Cosaques. Il atteignit la Luja à la fin du jour.
Les Cosaques venaient de rompre le pont qui se trouve sur cette rivière. Il le fit aussitôt rétablir,
envoya deux bataillons prendre possession de Malojaroslawetz, et bivouaqua en deçà de la Luja
avec le reste de sa division. La veille, Poniatowski s’était emparé de Veréia. Il se mit en
communication avec Mojaïsk et Borowsk, et poussa sur la route de Médyn une avant-garde qu’il
devait suivre le lendemain.
La reconnaissance faite la veille, et les divers rapports qu’il avait reçus, ayant convaincu l’Empereur
que Kutusof occupait encore le camp de Tarutino, il ne mit pas en doute qu’il ne pût atteindre
Kaluga avant le général russe. Son intention était de se retirer de Kaluga sur Smolensk. Le 23, il
transporta son quartier général à Borowsk.
Cependant Kutusof ne tarda pas à être informé que Napoléon avait quitté Moscou pour prendre la
vieille route de Kaluga, et, dès lors, il ne douta plus que son intention ne fût de venir l’attaquer. Le
23 au matin, on lui fit le rapport qu’un corps français de 6 à 7000 hommes s’était porté, le 22, sur
Veréia. C’était le corps du prince Poniatowski.
Le général russe ordonna aussitôt à Doctorof de partir pour Borowsk avec son corps. Doctorof
apprit bientôt que les Français venaient de s’emparer de cette ville, et que leur avant-garde marchait
sur Kaluga. Il fit part de cette circonstance à Kutusof, qui lui ordonna de se porter à marches forcées
sur Malojaroslawetz.
Kutusof avait appris, en même temps que le maréchal Ney s’était retiré sur Fominskoé, qu’il n’y
avait plus de troupes françaises sur la vieille route de Kaluga, enfin que Moscou était évacué. Bien
certain alors que Napoléon se portait sur Kaluga par la nouvelle route, il leva aussitôt son camp et
se porta vivement sur Malojaroslawetz. Il commença ce mouvement à trois heures de l’après-midi.
Les nouveaux renforts qu’il avait reçus portaient son armée à 110000 hommes.

Doctorof arriva devant Malojaroslawetz au point du jour, attaqua aussitôt les deux bataillons qui
occupaient la ville, et les força à se reployer jusque sur le pont. Le général Delzons, étant accouru
avec sa division, reprit l’offensive, et repoussa les Russes jusqu’au haut de la ville. Mais il ne put se
maintenir sur ce point.
Le prince Eugene apprit que l’ennemi venait d’attaquer. Il ordonna à ses troupes de se hâter, et,
prenant les devants, il atteignit de sa personne le vallon de la Luja, près duquel il fit halte. Peu
d’instants après, des tirailleurs russes, retranchés dans le cimetière, firent feu sur Delzons, qui s’était
porté au milieu de la mêlée. Trois balles atteignirent le brave général en même temps, et l’une de
ces balles, le frappant à la tête, le renversa mort.
Le général Guilleminot, chef d’état major du 4e corps, prit aussitôt le commandement de sa
division, et, pour conserver Malojaroslawetz jusqu’à l’arrivée des troupes du vice-roi, fit occuper,
par des compagnies de grenadiers, une église et deux maisons situées à l’entrée de la ville, et qui
dominent un ravin dans lequel passe la grande route. Ces postes devaient être conservés, même
quand les Français seraient forcés d’abandonner la ville, afin d’offrir un appui aux retours offensifs.
En effet, le général Guilleminot fut repoussé plusieurs fois. Mais les Russes se trouvant pris à dos
dès qu’ils avaient dépassé les trois postes retranchés, le désordre se mettait dans leurs rangs, et le
général français, reprenant l’offensive, les repoussait de nouveau jusqu’au haut de la ville.
Le vice-roi arriva sur le champ de bataille à dix heures et demie du matin. Aussitôt il envoya la
division Broussier au secours du général Guilleminot. En ce même moment, l’avant-garde de
Kulusof atteignit aussi Malojaroslawetz, et le combat reprit une activité nouvelle. Le corps de
Davoust et la garde arrivèrent successivement, et furent placés en réserve derrière le corps du vice-
roi, l’un à droite, l’autre à gauche de la route.
L’Empereur, monté sur le plateau qui borde la Luja, assistait à tous les mouvements des deux
armées. Les Russes continuant à se maintenir dans Malojaroslawetz, l’Empereur ne pouvait, à cause
de l’exiguïté du champ de bataille, engager qu’un certain nombre de troupes. Il était fort difficile de
tourner la ville, parce que la colline sur laquelle elle est située, est assez rapide, boisée sur la droite,
et, à gauche, coupée par des ravins.
Les Russes avaient un grand nombre de batteries, dont le feu écrasait les Français dès qu’ils
atteignaient le sommet de la colline. Ceux-ci ne pouvaient faire usage de leur artillerie, puisqu’il
aurait fallu traverser Malojaroslawetz pour la conduire sur le plateau qui est au-delà de cette ville. Il
n’était pas moins difficile aux Russes de tourner la place pour se diriger sur le pont, parce que dès
qu’ils débouchaient dans le vallon, ils étaient foudroyés par l’artillerie française placée sur la rive
gauche de la Luja.
De part et d’autre, on ne pouvait donc combattre que dans Malojaroslawetz, depuis le matin
embrasée par les obus. Les combattants, pour se joindre, étaient obligés de marcher sur les cadavres
qui jonchaient les rues. Les divisions Delzons et Broussier étant insuffisantes pour en chasser les
Russes, et même pour s’y maintenir, le vice-roi envoya à leur aide la division Pino, composée
d’Italiens, qui n’avaient pas encore combattu depuis le commencement de la campagne, et, bientôt
après, une partie de la garde royale italienne.
Ces troupes réunies parvinrent enfin, après une longue lutte, à s’emparer de la ville et à s’établir sur
le sommet de la colline. L’artillerie put alors être employée. Les divisions Compans et Gérard, du
1er corps, passèrent la Luja, et se placèrent de chaque côté de la ville. Il faisait déjà presque nuit.
Peu à peu, le combat devint moins vif, mais la fusillade ne cessa complètement qu’à onze heures du
soir. Kutusof, craignant que l’Empereur ne voulût, le lendemain, recommencer le combat avec la
totalité de ses forces, se retira pendant la nuit sur Kaluga.

La bataille de Malojaroslawetz, dans laquelle le 4e corps lutta, avec 17000 combattants, contre
80000 Russes, coûta à ceux-ci 8 à 10000 hommes hors de combat, les Français n’en perdirent que
4000. Le général Delzons, qui y trouva une mort glorieuse, était un des vétérans de l’armée
d’Égypte.