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23 JUIN 1812 : NAPOLÉON PRÉPARE L’INVASION DE LA RUSSIE

23 JUIN 1812 : NAPOLÉON PRÉPARE L’INVASION DE LA RUSSIE

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Giugno 23, 2023    
12:00 am

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Dans la nuit du 22 au 23, Napoléon établit son quartier général dans le hameau de Nogarisky sur la rive gauche du Niémen, en face du village de Kovno (Kaunas).

“A trois cents pas du fleuve, sur la hauteur la plus élevée, on apercevait la tente de l’Empereur. Autour d’elle, toutes les collines, leurs pentes, les vallées, étaient couvertes d’hommes et de chevaux. Dès que la terre eut présenté au soleil toutes ces masses mobiles, revêtues d’armes étincelantes, le signal fut donné, et aussitôt cette multitude commença à s’écouler en trois colonnes, vers les trois ponts. On les voyait serpenter en descendant la courte plaine qui les séparait du Niémen, s’en approcher, gagner les trois passages, s’allonger, se rétrécir pour les traverser, et atteindre enfin ce sol étranger, qu’ils allaient dévaster, et qu’ils devaient bientôt couvrir de leurs vastes débris.” (Général comte de Ségur)

l’Empereur a mis la main sur la matrice de cartes russes, préambule obligatoire à une invasion qui ne peut se faire sans carte, dans un pays totalement méconnu par les français.

Au cours d’une reconnaissance quelques jours plus tôt, le général Haxo a découvert, à un endroit portant le nom de Poniémon, une courbure très marquée du Niémen, entourant une rive droite plate à cet endroit, et où le passage sera aisé et que l’on pourra aisément protéger par de l’artillerie postée sur la rive gauche.
Au matin, l’Empereur fait une reconnaissance, en compagnie de Berthier et du général du génie Haxo, pour déterminer le point de passage et observer les dispositions prises par les Russes. Un endroit appelé Poniémon (Panemuné) est choisi, où le Niémen forme une anse très prononcée permettant un franchissement commode, sous la protection de l’artillerie postée sur les collines aux alentours.

Napoléon emprunte le manteau d’un lancier polonais et s’en va reconnaître la position, accompagné de Haxo.

“L’Empereur, sans s’arrêter que pour se déguiser en officier polonais, est monté à cheval pour aller avec un officier du génie et le prince de Neuchâtel seulement jusque sur le bord en face de Kowno, deux lieue, et de là en remontant la rive gauche du Niémen jusqu’à trois lieues pour reconnaître une position propice à établir trois ponts de passage.” (Général comte Guyot)
“Le 23 juin, nos cavaliers reposaient encore dans les bivouacs, lorsqu’une voiture de voyage, attelée de six rapides coursiers et arrivant au grand trot par la route de Königsberg, s’arrêta tout à coup au milieu de notre camp ; elle n’était escortée que de quelques chasseurs de la Garde, dont les chevaux étaient haletants et harassés de fatigue.

La portière s’ouvrit, et l’on vit Napoléon sortir avec vivacité de la voiture, accompagné du prince de Neufchâtel; aucun aide de camp, aucun officier d’ordonnance ne se montraient. Peu après, le général Bruyères arriva seul, au galop.

Napoléon était vêtu de son uniforme de chasseur de la Garde; il paraissait très fatigué du voyage, et ses traits offraient l’empreinte de la préoccupation. Quelques officiers, parmi lesquels je me trouvais, ainsi que le major du régiment (Suchorzewski) accoururent. Napoléon demanda la route du Niémen, et s’informa où étaient les avant-postes. Il fit diverses autres questions sur la position des Moscovites… Il mit bas son habit, le prince de Neufchâtel de même; Suchorzewski, moi et le colonel Pagowski, qui venait d’accourir, suivîmes son exemple, ainsi que le général Bruyères; de sorte que nous nous trouvâmes cinq ou six personnes en chemise au milieu du bivouac, entourant l’Empereur, et chacun de nous tenant son uniforme à la main. Les Polonais offraient les leurs aux Français, ce qui présentait un tableau singulièrement original.

De tous nos uniformes, la redingote du colonel Pagowski et son bonnet de police convinrent le mieux à l’Empereur. On lui avait d’abord présenté un bonnet d’officier de lanciers; mais il avait refusé, disant qu’il était trop lourd. Tout cela fut l’affaire de quelques minutes. Berthier se revêtit aussi d’un uniforme polonais… L’Empereur s’élança vers le fleuve. A son retour, nous remarquâmes un changement visible dans sa figure; il avait l’air gai, et même d’une humeur enjouée, étant sans doute satisfait de l’idée de la surprise qu’il préparait aux Moscovites pour le lendemain, dont il avait calculé d’avance les résultats. On lui apporta quelques rafraîchissements, qu’il mangea au milieu de nous, sur la grande route; il semblait prendre plaisir à son travestissement, et nous demanda, à deux reprises, si l’uniforme polonais lui allait bien.

Après avoir déjeuné, il nous dit en riant « A présent, il faut rendre ce qui n’est pas à nous. » Puis il ôta les vêtements qu’il avait empruntés, reprit son uniforme de chasseur de la Garde, remonta en voiture, accompagné de Berthier, et partit brusquement. Le même jour, il visita d’autres points du Niémen, et choisit celui de Poniémon pour franchir le fleuve. Le général Haxo l’accompagnait dans cette course.” (Comte Roman Soltyk)

Satisfait de ce qu’il voit, il ordonne que les ponts soient jetés la nuit même. C’est le général Éblé qui a dirigé la position des ponts, à environ une demi-lieue au-dessus du village d’Alexioten (Aleksotas). avec l’aide de la 1e division du corps d’armée de Davout, la division Morand. L’opération commence donc le soir même. Quelques voltigeurs de Morand traversent en barques le Niémen et aident les pontonniers, qui fixent les amarres devant assurer les bateaux qui constitueront les ponts.

Dans l’après-midi, Napoléon passe en revue plusieurs corps. Vers 11 heures du soir, le général Morand (1ère Division) fait traverser par bateaux trois compagnies de voltigeurs pour protéger la construction des ponts.
Trois sont rapidement jetés (un quatrième restera en réserve).
La nuit est courte, en ces premiers jours de l’été, sur les bords du Niémen. Dans la nuit, l’ordre de passage des troupes a été minutieusement mis au point par Napoléon et son état-major. L’Empereur rejoignit le quartier général à deux heures du matin, le jour pointait déjà. Là fut rédigée la fameuse proclamation aux troupes.

Les troupes, à l’aube, écoutent cette proclamation de l’Empereur:
“Soldats, la seconde guerre de Pologne est commencée. La première s’est terminée à Tilsit ! A Tilsit la Russie a juré une éternelle alliance à la France et la guerre à l’Angleterre. Elle viole aujourd’hui ses serments; elle ne veut donner aucune explication de son étrange conduite, que les aigles françaises n’aient repassé le Rhin, laissant par là nos alliés à sa discrétion… La Russie est entraînée par la fatalité; ses dessins doivent s’accomplir. Nous croit-elle donc dégénérée ? Ne serions-nous plus les soldats d’Austerlitz ? Elle nous place entre le déshonneur et la guerre: notre choix ne saurait être douteux. Marchons donc en avant, passons le Niémen, portons la guerre sur son territoire. La seconde guerre de Pologne sera glorieuse aux armes françaises. Mais la paix que nous conclurons portera avec elle sa garantie; elle mettra un terme à la funeste influence que la Russie exerce depuis cinquante ans sur les affaires de l’Europe.”

En présence de Napoléon, les troupes sous son commandement commencent à traverser le fleuve Niémen en trois colonnes: précédé par la cavalerie légère, le Ier Corps de Davout (13e Léger de la Division Morand en tête) et le IIe Corps d’Oudinot, les Ier et IIe Corps de Réserve de Cavalerie de Nansouty et de Montbrun, sous les ordres de Murat, la Vieille Garde et la Jeune Garde, le parc d’artillerie. L’Empereur décide de ramener sur Kovno (Kaunas) le IIIe Corps de Ney qui devait traverser à Preny (Prienai) avec le IVe Corps d’Eugène, mais ce dernier est encore trop en arrière.

Sur un total de plus de 400 000 hommes, environ 200 000 hommes franchiront le Niémen à Kovno (Kaunas) les 24 et 25 juin. Hormis des piquets de cosaques de Leib-Garde, près de Kovno (Kaunas), qui tirent quelques coups de feu depuis la rive opposée, puis s’enfuient, les troupes russes ne sont pas présentes pour faire obstacle au passage des troupes françaises.

Le IIe Corps de Baggovout, dont l’avant-garde occupait les deux bords de la Vilia, en avant de Yanovo (Jonava), s’est déjà retiré. Vers une heure et demie du matin, tout le Ier Corps de Davout se trouve formé sur la rive droite du Niémen. A midi, la brigade de cavalerie légère de Pajol et un bataillon de la Division Morand [Ier Corps] repoussent les cosaques et s’emparent de Kovno (Kaunas) où Napoléon va passer la nuit.