Le maréchal était alors au centre du même combat, à une petite distance de Stadtl-Ezersdorff; les batteries autrichiennes visaient sur lui à plein; il avait vu quelques minutes avant le vieux général Pouzet, son maitre à l’armée d’Italie, frappé d’une balle au front; Lannes le pleurait, lorsque lui-même reçut le fatal boulet qui lui fracassa les cuisses.
L’Empereur, à quelque distance, vit à travers la fumée tomber un général en grande tenue, et, selon son habitude, il demanda avec ses paroles froidement laconiques: “Qui est-ce que celui-là qui tombe ?” Un aide de camp vint lui répondre: “C’est le maréchal Lannes !” A ce nom, son visage changea et lui que rien n’ébranlait fut un moment dans une très grande agitation…
Napoléon s’avance rapidement vers lui; le maréchal avait perdu connaissance; Napoléon se baisse, l’appelle de sa voix tristement caressante: “Lannes, c’est moi, c’est Bonaparte, ton ami!” Ses lèvres sont blanches, ses traits contractés; il répète plusieurs fois: “C’est moi, c’est Bonaparte, ton ami !”