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18 OCTOBRE 1812: LA CONSPIRATION DU GÉNÉRAL MALET

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Ottobre 23, 2022    
12:00 am

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Depuis le 19 octobre 1812, Napoléon a quitté Moscou. Le 20, les propositions d’armistice ayant été refusées par les Russes, l’Empereur décide formellement à battre en retraite.

Pendant ce temps, à Paris, dans la nuit du 22 au 23 octobre, s’échappe de la maison de santé du docteur Maubuisson, accompagné d’un certain Lafon, Claude François de Malet, général de brigade depuis 1799, qui y vivait reclus depuis 1810.

Déjà le 8 juin 1808, Malet, d’origine noble, mais farouche républicain avait tenté de conspirer. Fouché, dont le rôle est trouble dans cette affaire, avait tout fait pour minimiser cette conspiration. Malet avait été quand même emprisonné à la Force, puis à Sainte-Pélagie, avant d’être envoyé, ayant évoqué son mauvais état physique, en janvier 1810, dans la maison de santé du docteur Maubuisson, où il côtoyait des républicains incorrigibles, et des chouans qui n’avaient pas renoncé…

Malet et Lafon foncent chez l’abbé de Caamagno, passage Saint-Pierre. Là, Malet endosse son uniforme de général. Il y retrouve Rateau et Boutreux, à qui il remet l’écharpe tricolore de commissaire de police. Il y récupère aussi des armes et des chevaux.

Le 23 octobre, à deux heures du matin, sous des torrents de pluie, Malet, en uniforme de général, arrive la caserne de la dixième cohorte, commandée par le colonel Soulier. Il se présente comme étant le général Lamothe, fait réveiller Soulier et lui dit: “Je vois bien que vous n’avez pas été averti, l’Empereur est mort; le sénat assemblé a proclamé la République. Voici des ordres que j’ai à vous transmettre; je dois m’assurer de leur exécution.”

Le “commissaire de police” Boutreux lui lit alors le sénatus-consulte que Malet avait auparavant rédigé et un ordre dans lesquels on retrouve la mort de l’Empereur, l’abolition du gouvernement impérial. la nomination de Soulier au grade de de général de brigade. Il y est aussi promis argent et avancements…

Malet forme rapidement quatre détachements de 300 hommes, et, à la tête du premier, se rend à la prison de la Force, en plein centre de Paris, et y ordonne la libération de deux généraux, Lahorie et Guidal. Lahory, ancien chef d’état-major du général Moreau, détenu depuis dix ans, devait être déporté en Amérique. Guidal, impliqué dans un mouvement républicain du Midi, devait être envoyé à Marseille pour y être jugé par un conseil de guerre.

À Guidal, surpris de revoir ainsi Malet, celui ci lui annonce: “Eh bien, l’Empereur est mort; tu es libre et ministre de la police, va prendre possession de ton hôtel et enlève-moi Savary, mort ou vif.” Il embrasse les deux généraux et libère aussi un corse nommé Boccheiampe, prisonnier d’Etat. Il donna à chacun d’eux des objectifs précis, et leur demande de le retrouver ensuite à l’Hôtel de ville.

Lahory et Guidal partent, avec 300 hommes, s’emparer du ministère de la police. Ils enfoncent les portes, et à son ancien camarade à l’armée du Rhin, Savary, en chemise, Lahory dit: “Rassure-toi, tu tombes dans des mains généreuses.” Savary, habillé, est conduis à la Force par Guidal.

Boccheiampe et Boutreux se rendent à la préfecture de police. Le préfet de police Pasquier et le chef de la police secrète Desmarets sont arrêtés, et, eux aussi, emprisonnés à la Force. Boutreux installe Boccheiampe à la préfecture, pendant que le comte Frochot, préfet du département de la Seine, qui se soumet à la nouvelle autorité, prépare servilement une salle de l’Hôtel de Ville pour la réunion du futur gouvernement provisoire.

Malet demande alors aux garnisons des Minimes et de la Courtille d’occuper les différents centres du pouvoir parisiens (Palais-Royal, Sénat, trésorerie, Banque de France, administrations…). À 9h 45, il tient presque tout Paris. L’obéissance est générale. Plus tard, Savary dira: “Dans les deux régiments de la garde de Paris qui faisaient le service de la place, pas une objection ne fut opposée aux ordres de Malet.”

Malet marche maintenant vers l’état-major de la place Vendôme. Il rencontre le général Hulin, ancien héros de la prise de la Bastille, et lui annonce: “Général, l’Empereur est mort. Le sénat assemblé vient d’abolir le gouvernement impérial. Je suis chargé d’une mission qui m’est pénible… Vous êtes destitué, arrêté, et je vous remplace. Rendez-moi votre épée”. Hulin demande à voir des ordres écrits. À cette demande, Malet lui répond “Eh bien ! ces ordres, les voici”, et avec son pistolet tire et fracasse la mâchoire du général Hulin.

Malet, à l’état-major général, retrouve le colonel Doucet et ordonne que l’on arrête l’adjudant-commandant Laborde. Celui-ci, avec vingt-cinq gendarmes, pénètre discrètement, par un escalier dérobé, dans l’hôtel de l’état-major. Malet, le voyant, l’apostrophe brutalement: “Je vous avais ordonné, monsieur, de vous rendre aux arrêts forcés, que faites-vous ici ?”  Laborde répond  “Général, je ne puis sortir, les troupes m’ont barré le passage”. Il fait alors un léger signe d’intelligence à Doucet. Malet sent qu’il est en danger, empoigne ses pistolets, mais une glace située derrière lui le trahit. Laborde et Doucet se précipitent sur Malet, les gendarmes, tapis dans l’escalier, se jettent sur lui et l’entravent. Rateau, qui arrive su ces entrefaites, est lui aussi ligoté.

Il est dix heures moins le quart, ce 23 octobre. Laborde et Doucet exhibent Malet et Rateau, entourés de gendarmes, du balcon, et s’écrient: “L’Empereur n’est pas mort ! Votre père vit encore ! Ces hommes sont des imposteurs !”

Malet, Lahorie, Guidal, et onze officiers sont déférés devant une cour martiale. Au président de la cour qui lui avait demandé le nom de ses complices, Malet répond avec panache: “La France entière, et vous-même, si j’avais réussi”. Tous sont condamnés à mort et fusillés le 29 octobre 1812. Certains avaient vraiment cru à la mort de l’Empereur…

En dépit de son échec, la conspiration démontre l’extrême fragilité du régime. L’empereur, qui en est averti dès le 6 novembre, ne peut que constater avec amertume que nul n’a songé à son fils, le roi de Rome, pour lui succéder.

À son retour à Paris, Napoléon explose: “Eh bien ! Messieurs, vous prétendez et vous dites avoir fini votre révolution ! Vous me croyiez mort, dites-vous, et je n’ai rien à dire à cela. Mais le roi de Rome ! Vos serments ! Vos principes ! Vos doctrines ! Vous me faites frémir pour l’avenir !”.

Le préfet Frochot, qui est simplement mis à pied, a le mot de la fin: “Ce diable de roi de Rome, on n’y pense jamais”.