Au lendemain de la victoire d’Austerlitz, Napoléon proclame à ses soldats: “Je vous ramènerai en France. Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe”.
Napoléon prend, le 18 février 1806, la décision officielle de faire ériger un arc de triomphe à la gloire de la Grande Armée, à l’instar de la Rome antique, qui, elle aussi, était passée de la République à l’Empire. Plusieurs sites sont alors proposés, celui de la Bastille est un temps préféré, mais Napoléon optera pour la place de l’Étoile. Le 15 août 1806 est posée la première pierre de l’œuvre de l’architecte Jean-François Chalgrin, inspirée de l’arc tétrapyle de Janus et de l’arc de Titus à Rome. Mais l’édifice n’avance pas vite. Rien que le chantier des fondations prend deux années !
Le 2 mars 1810, alors que les quatre piles s’élèvent à environ un mètre au-dessus du sol, Chalgrin reçoit ordre de créer pour le 2 avril, à l’occasion du mariage de Napoléon avec Marie-Louise d’Autriche, un trompe-l’œil fait de charpente, stuc et toiles peintes, qui représentera ce que sera le monument à son achèvement.
Cinq cents ouvriers sont alors embauchés pour finaliser cette forme même provisoire. Mais les charpentiers entament une grève pour dénoncer les conditions de travail et les salaires trop bas. Ils demandent que leurs salaires passent de 4 francs par jours à 18, et alors que c’est en passe d’être accepté, surenchérissent en réclamant 24 francs par jour de travail.
Le Préfet de police fait aussitôt arrêter six d’entre-eux, et affiche cette proclamation: “Charpentiers ! Le conseiller d’État, préfet de Police, est indigné de votre conduite. Vous avez abusé des bontés du gouvernement. Vous avez exigé 18 francs par jour et plusieurs d’entre vous ont osé dire qu’ils demanderaient 24 francs. Il est temps qu’un tel abus cesse. Vous n’aurez plus que 4 franc par jour. Le conseiller d’État, préfet de Police, vous met tous en réquisition. Il vous est défendu sous peine de désobéissance de quitter les travaux. Ceux qui le feront seront arrêtés et jamais il ne leur sera permis de travailler à Paris.” Ainsi, l’ouvrage est prêt à temps.
Chalgrin meurt en janvier 1811, et Louis-Robert Goust, son plus proche collaborateur, lui succède. Mais l’argent manque, l’économie, après la campagne de Russie, est en crise. La construction est au ralenti. Napoléon déclare alors: “L’Arc de triomphe, le pont d’Iéna, le Temple de la Gloire peuvent être retardés de deux ou trois années sans inconvénient.”
À la chute de l’Empire, en 1815, la construction de l’Arc de Triomphe, alors élevé jusqu’aux voûtes, est interrompue, puis reprise en 1823, pour commémorer l’expédition victorieuse d’Espagne. Ce n’est qu’en 1832 que Louis-Philippe, devenu roi des Français, reprend le projet de l’Empereur. Dans un esprit de réconciliation, entre tous les Français, il reprend l’idée initiale de Napoléon en l’élargissant à toutes les batailles de la République et de l’Empire, de 1792 à 1815.
L’Arc de triomphe est inauguré le 29 juillet 1836, quasiment en catimini par Adolphe Thiers, en l‘absence de Louis-Philippe, craignant un nouvel attentat contre sa personne, après celui de Fieschi. Il mesure 49 mètres de haut et dépasse 45 mètres en largeur.
On y retrouve quatre hauts-reliefs, le Départ des volontaires de 1792 (La Marseillaise), par François Rude, représentant le rassemblement de tous les Français pour défendre la nation en partant au combat, le Triomphe de 1810, par Jean-Pierre Cortot, la Résistance de 1814, et la Paix de 1815, par Antoine Étex, et Six bas-reliefs représentent les funérailles du général Marceau, la bataille d’Aboukir, la bataille de Jemappes, le passage du pont d’Arcole, la prise d’Alexandrie et la bataille d’Austerlitz.
Sur les boucliers de l’attique, les grandes batailles de la Révolution et de l’Empire: Valmy, Jemmapes, Fleurus, Montenotte, Lodi, Castiglione, Rivoli, Arcole, Pyramides, Aboukir, Alkmaar, Zurich, Héliopolis, Marengo, Hohenlinden, Ulm, Austerlitz, Iéna, Friedland, Somosierra, Essling, Wagram, la Moskowa, Lützen, Bautzen, Dresde, Hanau, Montmirail, Montereau et Ligny.
Sur les faces intérieures des petites arcades sont gravés 660 noms des personnalités de la Révolution et de l’Empire. Certains sont soulignés, ce sont les noms de ceux qui sont morts au combat.
C’est sous ses voûtes que, le 15 décembre 1840, passera le char funèbre ramenant les cendres de Napoléon.