Il joint le travail du bœuf au courage du lion, disait de lui Napoléon.
Pierre Daru, cousin d’Henri Beyle, plus connu sous le nom de Stendhal, naît à Montpellier le 12 janvier 1767. En 1783, il est sous-lieutenant dans un régiment de cavalerie, mais, lassé par l’attente d’un galon supplémentaire, il donne sa démission et entra dans l’administration militaire. Il est commissaire des guerres en 1789.
A la Révolution, quoique souvent dénoncé comme modéré, il conserve ses fonctions, grâce à ses talents, sa capacité, et son expérience, si bien appréciés par tous les généraux aux armées de l’Ouest et de Sambre-et-Meuse. Mais un ordre d’arrestation arrive, il est emprisonné et il va comparaître devant le tribunal révolutionnaire, lorsque la journée du 9 thermidor lui rend sa liberté.
En 1799, il est commissaire ordonnateur à l’Armée du Rhin. Bonaparte, après le 19 brumaire, le nomme secrétaire général du ministre de la Guerre avec le rang d’inspecteur aux revues.
Daru accompagne alors Bonaparte en Italie. Après Marengo, il entre, en 1801, au Tribunat. Il est membre de la Légion d’Honneur le 4 frimaire an XII, et commandant le 25 prairial suivant. De l’an XII à 1806, il va être successivement nommé conseiller d’État, intendant général de la maison militaire de l’Empereur, et intendant général de la liste civile, puis baron de l’Empire (1809).
Commissaire général de la Grande Armée à l’ouverture de la campagne contre la Prusse, en 1806, il est nommé intendant général des pays conquis. En 1809, Daru est investi à Vienne des mêmes fonctions qu’il a remplies à Berlin. En 1811, Daru est ministre secrétaire d’État et grand officier de la Légion d’honneur.
Daru accompagne Napoléon en Russie, chargé de l’approvisionnement de la Grande Armée. Après la bataille de Smolensk, Daru conseille à l’Empereur d’abandonner la poursuite d’un ennemi qui se dérobe, car il redoute que les approvisionnements ne suivent plus avec sécurité la marche de l’armée française. A Moscou, il suggère à l’Empereur de rester dans la ville russe.
Que faire ? demande l’Empereur à Daru. Sa réponse est claire: rester ici, nous loger dans ce qui reste de maisons, dans les caves, recueillir les vivres qu’on pourra encore trouver dans cette ville immense, presser les arrivages de Wilna, faire de ces décombres un grand camp retranché, rendre inattaquables nos communications avec les provinces lithuaniennes avec l’Allemagne, avec la Prusse, et recommencer au printemps prochain. C’est un conseil de lion, s’écrie l’Empereur. Le conseil de lion ne sera pas suivi: Napoléon donne le signal de la retraite…
En 1813, il est grand aigle de la Légion d’honneur et ministre chargé de l’Administration de la guerre. Lors de la Première Restauration, Daru se rallie aux Bourbons, mais soutient Napoléon à son retour. L’Empereur, aux Tuileries, lui serre affectueusement la main. Après Waterloo, Daru quitte définitivement la carrière administrative. Il perd toutes ses affectations, excepté celle qu’il occupait à l’Académie française depuis 1806.
Pierre Daru décède le 5 septembre 1829 à une quarantaine de km à l’ouest de Paris, dans la petite ville de Meulan-en-Yvelines.