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20 NOVEMBRE 1753 : NAISSANCE DE LOUIS-ALEXANDRE BERTHIER

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Novembre 20, 2022    
12:00 am

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Illustration : Berthier et Bonaparte à Marengo

 

Louis-Alexandre Berthier nait le 20 novembre 1753 à Versailles. Il se destine très tôt à une carrière militaire. Dans la guerre d’indépendance américaine, il est colonel. Avec Bonaparte, Il devient général, puis ministre de la Guerre. En 1804, il est Maréchal de France, prince de Neuchâtel en 1806, et de Wagram en 1809.

 

Berthier participe à toutes les campagnes de l’Empire. S’il est major général de la Grande Armée, il n’assure aucun commandement dans les combats. Indispensable à l’Empereur, c’est lui, en Russie, en Allemagne, en France, qui transmet ses ordres, veille à leur bonne exécution, surveille le ravitaillement et les services annexes, collecte les renseignements, réorganise entièrement le service d’état-major…

 

Un peu avant Waterloo, retiré dans sa famille à Bamberg, il meurt défenestré (accident ou suicide ?) le 1er juin 1815. Napoléon dira de son ami fidèle “Nul autre n’eût pu le remplacer.”

 

  • Lisons ici, écrit par Marco de Saint-Hilaire, dans “Anecdotes du temps de Napoléon Ier”, un épisode moins connu de la vie de Berthier:

 

À Vienne, lorsque toutes les cérémonies d’étiquette de la remise de la fille de François II au prince de Wagram, fondé de pouvoir de Napoléon, furent terminées, on s’occupa du départ de la jeune archiduchesse; mais tout le temps que durèrent les préparatifs, Marie-Louise ne fit que pleurer, en songeant qu’elle allait être séparée de sa famille.

 

Élevée dans les principes de Marie-Thérèse, la fille de François II pleurait à la pensée, non seulement de quitter ses soeurs, ses frères, son père, peut-être même sa belle-mère, mais encore d’être forcée de vivre auprès d’un homme qu’elle ne connaissait pas, et qui ne devait être pour elle qu’un objet de terreur; car ses oncles n’avaient cessé de lui répéter que Napoléon avait tenté deux fois d’anéantir leur maison.

 

Cependant le jour fixé pour le départ arriva. Marie-Louise, après avoir reçu les adieux de sa famille, se retira dans son appartement afin d’y pleurer plus à son aise en attendant Berthier, qui, d’après le cérémonial prescrit, devait la conduire à la voiture.

 

Au moment où on l’introduisit dans le cabinet de sa nouvelle souveraine, il la trouva donc tout en larmes. Enfin, après un moment de silence, elle lui dit d’une voix brisée par les sanglots: Prince, ma douleur n’est-elle pas excusable ? Jetez les yeux autour de vous, je ne suis entourée ici que de choses qui me sont chères et précieuses: ces dessins sont de mes soeurs, cette boite d’ivoire est l’ouvrage de mon frère Ferdinand, c’est mon oncle Charles qui a peint ce tableau, et ce coussin en tapisserie m’a été donné par ma mère, qui l’avait brodé de ses mains.

 

Et Marie-Louise continuant sur ce ton l’inventaire de son cabinet, il ne fut pas jusqu’à un tapis de pied usé qui ne lui eût été donné par une main amie. Et puis vint le tour des fleurs artificielles qui garnissaient de magnifiques vases de porcelaine de Saxe; des oiseaux d’Amérique, emprisonnés dans une volière à réseaux d’argent, du perroquet juché sur son bâton d’acajou, etc.

 

Mais, de toute la collection, la pièce la plus importante et la plus regrettée était un petit épagneul à longs poils, de pure race anglaise, qui faisait à lui seul plus de bruit que le perroquet dans son bavardage austro-russe.

 

Au palais, on n’avait pas laissé ignorer à la jeune archiduchesse combien les petits chiens de l’impératrice Joséphine avaient déplu à Napoléon. Aussi, en père prudent, François II avait-il prévenu sa fille qu’il lui faudrait laisser à Vienne son chien, son perroquet, et n’emporter avec elle à Paris aucune des jolies bêtes qu’elle aimait tant.

 

Il y avait certainement dans les regrets de la jeune archiduchesse, une preuve de bonté de coeur que comprit parfaitement Berthier. En voyant une pareille douleur là où il ne s’attendait à trouver que de la joie, il dit à sa nouvelle souveraine: Madame, je venais au contraire prévenir Votre Majesté qu’elle ne pourra se mettre en route que dans deux heures, et qu’en conséquence je lui demande la permission de la quitter jusqu’au moment de son départ. Et se retirant aussitôt, le prince de Neufchâtel alla trouver l’Empereur d’Autriche, à qui il confia le plan qu’il avait conçu. François II comprit ce qu’on lui demandait, et donna des ordres en conséquence.

 

Enfin, la jeune impératrice quitta Vienne et arriva bientôt en France. Les fêtes qui l’accompagnèrent sur toute sa route commencèrent à lui faire oublier un peu l’épagneul et le perroquet qu’elle avait semblé tant regretter. On sait comment sa voiture fut arrêtée à quelques lieues en avant de Compiègne; comment Napoléon y monta sans façon et prit place à côté de celle qui n’était encore que sa fiancée, enfin comment, arrivé à Paris, l’Empereur prenant la main de cette jeune femme qu’il croyait être un gage de paix et d’éternelle alliance, traversa, en présence “Vive l’Empereur” et de “Vive Marie-Louise !” ébranlèrent la voûte du vieux palais de Catherine de Médicis.

 

Alors l’Impératrice oublia tout à fait sa petite ménagerie de Vienne, au milieu des enivrements de ce glorieux bonheur. Puis le lendemain, au balcon du pavillon de l’Horloge des Tuileries, Napoléon présenta lui-même sa femme aux Parisiens, et, comme la veille, cent mille voix crièrent: “Vive l’Empereur ! Vive Marie-Louise !”. Quant à lui, le coeur ivre de joie, il ne pouvait répondre à la foule que par des saluts.

Lorsqu’il se retira, il dit à sa femme, les larmes aux yeux: Viens, ma bonne Louise, que je te paye de tout le bonheur que tu m’as donné. Et la conduisant par un de ces sombres corridors du palais, qui, même en plein jour, étaient constamment éclairés par des lampes, il la fit marcher à grands pas. Sire, où me conduisez-vous ? demanda la jeune femme; j’ai peur ici, ajouta-t-elle en serrant le bras de Napoléon. Viens toujours, te dis-je; est-ce que tu as quelque chose à craindre avec moi ? Mais tout à coup l’Empereur s’arrête devant une porte fermée.

 

Louise, écoute ! lui dit-il en prêtant lui-même l’oreille. Aussitôt une voix qui semblait n’avoir rien d’humain et les clapissements d’un chien se font entendre. L’animal avait senti plutôt qu’entendu ceux qui s’étaient approchés, et de ses pattes grattait de l’autre côté de la porte. Napoléon l’ouvre et pousse doucement Marie-Louise dans une pièce très éclairée, où l’éclat du jour empêche d’abord celle-ci de distinguer ce qui s’offre à sa vue. Bientôt les objets deviennent plus distincts.

 

Alors un délicieux frémissement, causé par la surprise, vient agiter la jeune femme. Elle veut parler, les paroles expirent sur ses lèvres; elle ne peut que pencher sa tête, en pleurant, sur la poitrine de Napoléon.

 

C’est que, dans cette chambre, Marie-Louise, impératrice et reine, rassasiée, pour ainsi dire, des pompes triomphales qu’elle avait partagées avec son époux, le plus puissant souverain du monde, Marie-Louise, disons-nous, retrouvait tout à coup, grâce à lui, ces joies de l’enfance, ces souvenirs de la patrie qu’elle avait tant regrettés quelques jours auparavant. Outre son chien, son perroquet et ses oiseaux, cette chambre renfermait, rangés dans le même ordre qu’à Vienne, tous les objets qu’elle y avait laissés en partant, tout, jusqu’à la boite d’ivoire façonnée par son frère, jusqu’au petit coussin que l’impératrice sa mère lui avait donné.

 

Lorsqu’elle fut un peu remise d’une émotion si douce, Napoléon lui dit: Tu es contente, ma bonne Louise ? eh bien ! moi aussi, et je crois qu’en ce moment je recevrais avec indifférence la nouvelle d’une victoire.

 

Cependant l’Impératrice parcourait avec ravissement ce cabinet, tandis que ses oiseaux gazouillaient dans leur volière, que son perroquet s’agitait sur son bâton, et que son chien pleurait de joie. La pauvre petite bête semblait craindre d’approcher de son ancienne maîtresse. Alors Napoléon appela l’épagneul et le caressa. Cependant le perroquet restait muet, contre l’habitude des oiseaux de sa bruyante espèce.

 

Monsieur Jacquot, vous me faites l’effet d’être un peu bête, dit en riant Napoléon. Je suis malade ! répondit tout à coup le perroquet d’une voix gutturale et d’un air piteux. À ces mots, Napoléon laissa échapper un éclat de rire homérique. Lorsque cet accès de gaieté fut passé, il demanda à l’Impératrice quel avait été, à Vienne, le précepteur de ce perroquet. Celle-ci répondit, en souriant, que son éducation avait été un peu négligée. Mais, sire, ajouta-t-elle, il n’y avait que M. de Metternich qui lui parlât français, et malheureusement il n’a pu lui apprendre que cette seule phrase qu’il prononce très bien, comme vient d’en juger Votre Majesté.

 

Napoléon et Marie-Louise se prirent à rire de plus belle, et comme les larmes sont bien près du rire, celle-ci, pour le remercier de tant d’attentions aimables, se jeta avec attendrissement dans ses bras. Il était alors près de la fenêtre, et la foule rassemblée dans la cour des Tuileries vit du dehors ce mouvement. Aussitôt des battements de mains et des acclamations à faire trembler les murs du palais furent poussées par le peuple, qui, sans doute, assignait à cette scène d’intérieur quelques motifs de haute politique. Au même moment, un léger bruit se fit entendre du côté de la porte, restée entr’ouverte, et la tête du prince de Neufchâtel se laissa voir.

 

Berthier, vous pouvez entrer, lui dit l’Empereur. Et allant au-devant de lui, il le prit par la main et le présenta à l’Impératrice en disant: Tiens ma bonne Louise, c’est lui qui, à Vienne, a eu l’idée, en voyant tes larmes, de faire transporter ici tout ce que tu vois, pour tâcher d’adoucir un peu des regrets qui prouvent en faveur de ton cœur. Berthier mérite bien que tu le récompenses; embrasse-le donc, ma chère amie. A cette proposition inattendue, Marie-Louise, naturellement timide, baissa la tête sans mot dire. Berthier, retenu plus encore par le respect que par les convenances de l’étiquette, restait comme cloué à sa place.

 

Allons, mon cher, dit gaiement l’Empereur en touchant légèrement le coude du prince, est-ce que pour la première fois vous ne voudriez pas m’obéir ? – Sire… – Allons, allons, ce devrait être déjà fait. Puis, lui serrant la main, il ajouta d’une voix émue : Embrasse-la, mon vieil ami…