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2 NOVEMBRE 1802 : BONAPARTE À ROUEN

2 NOVEMBRE 1802 : BONAPARTE À ROUEN

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Novembre 2, 2022    
12:00 am

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  • Lisons tout d’abord Jean Antoine Chaptal 


Chaptal est un chimiste bien connu, qui fut, de novembre 1800 à août 1804, ministre de l’Intérieur sous le Consulat, et qui a décrit dans ses mémoires intitulées “Mes souvenirs de Napoléon” la première visite du Premier consul à Rouen:

Dans le voyage que je fis en Normandie avec Napoléon, il partit de Saint-Cloud à bidet, suivi de son courrier favori Moustache. Il arriva quatre heures avant les voitures. Nous eûmes, dans la route, bien de la peine à nous débarrasser des fêtes et des compliments qu’on avait préparés partout pour sa réception. On se refusait à croire qu’il eût passé incognito.

Arrivé à Rouen, je le trouvai dans son bain. C’était là son usage; il prétendait, je l’ai dit d’ailleurs, que l’eau lui rendait les forces qu’il avait perdues par la fatigue. Aussi trouvait-il un bain préparé partout où il s’arrêtait. Le lendemain, il entendit la messe de l’archevêque Cambacérès. Rentré dans son cabinet, il me fit appeler et dit avec humeur: “Cet homme ne m’a pas fait les honneurs qu’on rend aux souverains, il ne m’a pas offert la patène à baiser: ce n’est pas que je ne me moque pas de sa patène mais je veux qu’on rende à César ce qui appartient à César”. 

Rentré dans le salon, j’y trouvai l’archevêque à qui je rapportai la plainte de Napoléon. Celui-ci me répondit qu’il avait fait tout ce que prescrivaient ses livres en pareil cas. Je transmis de suite cette réponse au premier Consul, qui s’en contenta, parce qu’il vit qu’il n’y avait pas de mauvaise intention. Il reçut ensuite toutes les autorités constituées et causa avec elles pendant six heures. 

Il invita à dîner les chefs des principales autorités. Pendant le repas, Napoléon fit tomber la conversation sur le traité de commerce de 1789 avec les Anglais, qu’il improuva [sic] beaucoup. M. Beugnot, préfet, en prit la défense; la dispute s’échauffa, et lorsque je vis qu’elle commençait à dépasser les bornes de la discussion, je pris la parole et je ramenai la question à son véritable point de vue, en faisant observer que les Anglais n’avaient pas agi de bonne foi dans l’exécution.

Le premier Consul changea de conversation et parla de la campagne de Henri IV en Normandie. Le général Suchet, qui commandait à Rouen, parla de cette campagne avec une telle supériorité de talent que Napoléon l’écouta pendant une demi-heure sans mot dire. Après le dîner, le premier Consul me prit à part et me dit: “vous m’avez présenté Beugnot comme un homme d’esprit; c’est un idéologue. Je ne le chargerai jamais de conclure un traité de commerce. Quant à Suchet, il a beaucoup rajouté à l’idée que j’avais de lui”.

Le lendemain, nous sortîmes à huit heures pour aller visiter les principales fabriques, et nous ne rentrâmes que pour dîner. Dans une fabrique de teinture de coton, le fabricant se plaignait de ne pas faire constamment des couleurs unies. Je lui en fis connaître la cause: je lui dis qu’il tordait inégalement les matteaux de coton; je mis la main à l’œuvre et tordis son matteau. Cette leçon égaya beaucoup Napoléon et étonna les ouvriers. Partout il questionnait sur les matières, le prix de chaque objet, les salaires des ouvriers, etc…. Le lendemain, nous fûmes au Havre.
 

  • Lisons maintenant Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon:


Il [Napoléon] ne voulut jamais que du bien à Rouen qu’il considérait comme une place manufacturière de premier ordre et même la voyait devenir le “grand port de Paris” auquel menait la Seine, comme une magnifique avenue. Il visita lui-même Rouen deux fois (1802 et 1810), inspectant des industries (relancées par la paix générale de 1802, puis dopées par le Blocus continental de 1806), faisant jeter un pont sur la Seine et ordonnant quelques autres aménagements. 

Chacun connaît le célèbre tableau d’Isabey qui le montre visitant la manufacture de velours des frères Sévène. Nouvelle marque d’intérêt du régime impérial, Marie-Louise revint seule en 1813 poser la première pierre du pont Corneille. Rouen était tellement importante aux yeux de Napoléon qu’il n’y nomma jamais comme préfets que des « calibres » de confiance: Beugnot, Savoye-Rollin et Stanislas de Girardin. Le même soin fut donné au choix des quatre maires successifs, généralement d’importants négociants locaux. 

Le 11 brumaire an XI (2 novembre 1802), depuis Rouen, Napoléon confiait ainsi à son frère Joseph : “Cette ville me donne des preuves d’attachement qui me touchent. Tout ici est consolant et beau à voir, et j’aime vraiment cette belle, bonne Normandie. C’est la véritable France.”
 

  • Quel a été exactement l’itinéraire du Premier consul en Normandie ?


– Samedi 30 octobre, Louviers, Romilly, Rouen: 
A 10h à Louviers, visite les manufactures, puis visite des forges de Romilly, puis à 15h30 il entre à Rouen par la barrière Saint-Paul et descend à la Préfecture.
– Dimanche 31 octobre, Rouen:
Il visite de bon matin les hauteurs entourant la ville, puis entend la messe dite par l’ Archevêque Cambacérès dans la Chapelle de la Préfecture.
– Lundi 1er novembre, Rouen:
Visite du Mont aux Malades, de la côte des Sapins. Conférence de 2 heures avec Lézurier, Vulgis du jardin, et Trabé au sujet du commerce de la ville. Dîner avec le préfet Beugnot et le général Suchet, qui lui parle pendant une demi-heure de la campagne d’Henri IV en Normandie. Il l’écoute pendant une demi-heure sans dire un mot.
– Mardi 2 novembre, Rouen: 
Il visite la fabrique du faubourg Saint-Sever et la caserne du 55e puis d’autres fabriques dans l’après-midi. Après le dîner, Conseil des ministres.
– Mercredi 3 novembre, Rouen et Elbeuf: 
Départ de Rouen à 8h30, arrivée à Elbeuf à 10h. déjeuner chez le maire, visite des manufactures. Retour à Rouen à 14 h, visite d’une exposition de l’industrie locale à la Bourse.
– Jeudi 4 novembre, Rouen:
Revue de la Garde Nationale au Champ de Mars
Vendredi 5 novembre: Départ de Rouen à 6h 30 vers Le Havre 
 

  • Rouen et le statue de Napoléon


Œuvre en bronze du sculpteur Vital Gabriel Dubray, la statue équestre de l’Empereur trônait, depuis le 15 août 1865, sur l’actuelle place du Général de Gaulle à Rouen.

Cette statue équestre en bronze représente Napoléon en train de saluer sur son cheval cabré. Elle repose sur trois appuis, les deux pattes arrière et la queue du cheval. Son bronze provient de canons d’Austerlitz.

Sur le piédestal en granite de Flamanville, quatre panneaux sur lesquels sont gravées en lettres d’or les institutions impériales: “Empire français”, “Code Napoléon”, “Concordat”, ”Légion d’honneur”. Sur le panneau face à la rue Jean-Lecanuet: “À Napoléon Ier la Ville de Rouen et le Département de la Seine-Inférieure MDCCCLXV”. Le panneau face à l’hôtel de ville est orné d’un panneau représentant le premier consul lors de la visite de la manufacture des frères Sévène en 1802 d’après un dessin de Jean-Baptiste Isabey.

À la suite de l’apparition d’une fissure dans le pied droit du cheval, cette statue d’un poids de 4 tonnes a été démontée le 2 juillet 2020 afin d’être restaurée à Saint-Rémy-lès-Chevreuse.

Une grande majorité d’habitants de Rouen et tous les Napoléoniens ont été très vigilants à ce que la statue de l’Empereur, dès la fin de sa restauration, ait retrouvé entièrement et pleinement sa place d’origine, place du Général-de-Gaulle, à Rouen.